Seul un Français sur cinq s’investit au sein d’une association, selon une enquête de France Bénévolat réalisée en 2022 par l’Ifop. Il faut dire que cela prend du temps, de l’énergie… cela se fait parfois au détriment de la famille, du travail, de la rémunération… Les entreprises l’ont bien compris et certaines, dans le cadre de leur politique RSE, souhaitent promouvoir ce type d’engagement, sans que leurs salariés ne soient pénalisés. L’État encourage d’ailleurs ces initiatives grâce à plusieurs types de dispositifs légaux (mécénat de compétences, volontariat, congés dédiés).
Les associations de leur côté, s’adaptent comme elles peuvent au virage numérique. Portées par les réseaux sociaux, elles communiquent pour accroître leur réputation et maintenir leurs activités. De plus, avec l’actualité, les missions volontaires connaissent un nouvel essor qui profite à de nouveaux acteurs qui surfent sur cette nouvelle tendance devenue marketing.
Table des matières
Démocratisation des dispositifs entreprises/ salariés
Aujourd’hui dans un objectif de responsabilité sociale et environnementale, autrement dit RSE, de plus en plus d’entreprises se lient avec des associations ou des Organisations non gouvernementales (ONG), afin que leurs salariés puissent, s’ils le souhaitent, effectuer une mission bénévole, volontaire et/ou humanitaire sans que cela nuise à leur emploi.
Cette tendance se démocratise grâce à différents contrats et congés mis en œuvre avec l’aide de l’État.
Mécénat de compétences
Très peu connu du grand public, le mécénat de compétences facilite le bénévolat des collaborateurs d’une entreprise sans nuire à leur emploi.
Créé en 2003, ce contrat permet à une entreprise de mettre ses collaborateurs à la disposition d’un organisme soutenant un intérêt général (associations, œuvres, fondations, etc…) pendant une période fixe. Dans ce cadre, les salariés mettent ainsi leurs compétences au profit de l’organisme de manière bénévole lors de leur temps de travail, sans répercussion sur leur salaire.
Ce contrat repose sur trois piliers :
- L’engagement du salarié : le collaborateur bénévole ne nuit pas à l’organisme et s’engage personnellement dans la mission à réaliser.
- Le besoin commun : un besoin défini au préalable répondant aux intérêts de tous.
- Enfin, l’accord : l’entreprise respecte l’accord signé.
La durée de ce type de mission peut varier entre 1 demi-journée et 3 ans maximum, en fonction de la demande déposée par l’organisme auprès de l’entreprise et du temps estimé pour que la tâche soit accomplie. Selon le besoin défini, la société peut décider de mettre un ou plusieurs collaborateurs sur la mission à réaliser.
Ce système ne profite pas qu’aux organismes à but non lucratif. En effet, en échange de cette aide offerte par l’entreprise, le gouvernement français soutient celle-ci en lui appliquant des conditions fiscales avantageuses.
De plus, 57% des salariés ayant réalisé ce type de missions estiment avoir acquis de nouvelles compétences, selon le baromètre du mécénat de compétences réalisé par l’Ifop en 2019. Il s’agit donc de démocratiser ce système tout en favorisant le bénévolat au cœur des organismes d’intérêt commun.
Volontariat International en Entreprise (VIE)
Promu par le Gouvernement au travers de différentes publicités sur les réseaux sociaux ou encore la télévision, le Volontariat international en entreprise (VIE) renaît de ses cendres depuis peu.
Il porte sur des domaines similaires à ceux du mécénat de compétences, tels que :
- Culture ;
- Environnement ;
- Humanitaire
Les missions peuvent quant à elles durer de 6 à 24 mois, renouvelables une fois pour une durée maximale de 2 ans. Pour qu’un VIE soit valide, il faut que les entreprises remplissent l’un de ces trois critères :
– être une entreprise française à l’étranger ;
– être une entreprise étrangère liée à une entreprise française par un accord de partenariat;
– ou être un organisme étranger engagé dans une coopération avec la France (mission de coopération économique uniquement).
Le volontaire doit quant à lui :
- Avoir entre 18 et 28 ans ;
- Être français ou ressortissant d’un pays de l’Espace Économique Européen ;
- Avoir effectué sa journée défense et citoyenneté (JDC) ;
- Avoir un casier judiciaire vierge ;
- Être apte physiquement à effectuer sa mission si celle-ci requiert une aptitude physique particulière.
L’enjeu ? Permettre à de jeunes diplômés ayant soif d’aventure de s’investir dans une mission d’intérêt général tout en débutant sa carrière professionnelle… et aux entreprises de les soutenir dans leur démarche.
Congés dédiés : congés engagement associatif
En plus des deux dispositifs précités, existe le congé engagement associatif.
Il s’agit d’un congé qui peut être rémunéré selon des termes définis par l’entreprise. Il vise, comme son nom l’indique, à encourager l’investissement bénévole au sein des associations. Le nombre de jours autorisés est de 6 jours ouvrables annuels, cumulables avec des jours de formation.
Le volontariat sur les réseaux
Pour rappeler les intérêts qu’elles défendent, recueillir un nombre suffisant de dons ou de soutiens de la part de mécènes, mais aussi recruter de nouveaux volontaires et/ou bénévoles, les associations ont quant à elles dû s’adapter. Le virage digital était inévitable. Les associations font désormais parler d’elles sur les réseaux sociaux et n’hésitent plus à rebondir sur l’actualité.
L’actualité : un poids important pour le volontariat sur les réseaux
Émissions à effet de serre, animaux en voie de disparition, déforestation… la crise écologique ne cesse de faire parler d’elle, dans les médias mais aussi sur les réseaux sociaux.
Selon une analyse de hashtags les plus populaires sur les réseaux sociaux Twitter et Facebook à la rentrée 2018, les termes #climat, #transitionécologique ou tout simplement #écologie, sont en effet les plus repartagés sur les réseaux. L’étude « Climat et environnement en France de 2017 à 2022 », parue en mars dernier, montre également l’intérêt suscité par la crise écologique auprès des internautes sur les réseaux sociaux.
Autre sujet à notoriété : la proposition de loi visant à interdire la corrida, examinée à l’Assemblée nationale en novembre 2022. Plusieurs structures comme la Société protectrice des animaux (SPA) ont profité de cette occasion pour élever leur voix et mobiliser la population au travers d’affiches, sondages etc… comme avec ce post diffusé sur Linkedin.
Ainsi, les associations n’hésitent donc plus à réagir à l’actualité, pour accroître leur visibilité, notamment sur les réseaux sociaux. Cependant, cette méthode permet-elle vraiment de recueillir plus de dons ou d’attirer plus de bénévoles ? Ou n’est-ce que de la poudre aux yeux ?
Plus d’informations sur l’analyse des hashtags populaires en 2018.
Lire l’analyse des narratifs et discours en ligne sur le climat entre 2017 et 2022.
Une visibilité éphémère ?
L’avènement du marketing digital a augmenté la visibilité des associations de 36% à 62%. De fait, selon l’étude réalisée par Solidatech en 2018, les associations connaissent plus de notoriété et de trafic grâce à leur présence sur les réseaux sociaux, en particulier sur Facebook.
Créée en 1845, la Société protectrice des animaux (SPA) par exemple, a su moderniser son image et jouer des réseaux sociaux pour gagner en nombre d’adoptions. La SPA publie en effet des posts quotidiennement, accompagnés de photos amusantes mettant en scène chaque animal.
Le but ? Rendre visible les pensionnaires de ses 75 refuges et dispensaires. Et cela paie ! En effet, entre 2015 et 2017, la SPA d’Hermeray (Seine-et-Marne) a comptabilisé une augmentation de 48% d’adoptions, soit une hausse de 100 à 150 adoptions par mois, et ce, grâce à ce dispositif.
Exemple de campagne de recrutement pour bénévolat lancée en septembre 2022, sur la page Facebook du refuge de la SPA situé à Plaisir (78).
Avec ce succès grandissant, ce système a été étendu sur l’ensemble des pages sociales détenues par la Société protectrice des animaux, qui en profite même pour promouvoir ses journées portes ouvertes ou encore ses besoins bénévoles.
Un marketing influent pour le business
L’engouement pour les actions bénévoles et volontaires donne naissance à de nouvelles plateformes marketing comme VolunteerWorld ou OneDay OneDay. Les jeunes, souvent avides d’engagement et d’aventure, sont les premiers ciblés par ces sites spécialisés qui jouent le rôle d’intermédiaire avec les associations. Une position qui leur assure un business model intéressant au cœur de la tendance.
Marketing de compétences & voyage : cible jeune
Selon l’étude en question, 54% des sondés font part de leur envie de voyage humanitaire ou écologique à l’étranger. Ils soulignent également leurs envies d’acquérir de nouvelles compétences, de découvrir de nouvelles cultures ou coutumes, de renforcer leur apprentissage d’une langue étrangère. C’est le cas de 39% d’entre eux.
- Donner de la visibilité aux associations & organismes non gouvernementaux en leur demandant de promouvoir des missions à réaliser susceptibles d’intéresser le plus grand nombre ;
- Jouer le rôle d’intermédiaire entre les jeunes intéressés et les associations qui recherchent des volontaires.
Sites spécialisés : quelle rentabilité ?
De nombreux business se sont développés au fur et à mesure des années autour du marketing sur le bénévolat et le volontariat. Axés sur l’ère du digital, ceux-ci sont essentiellement présents sous formes de sites internet ou encore d’applications mobiles. Être accessible de partout et pour tout le monde : voilà la ligne de conduite adoptée.
Volunteerworld
D’origine allemande, ce site propose plus de 200 programmes associatifs dans 78 pays du monde. Protection de la nature, éducation ou encore bénévolat virtuel, cette plateforme regroupe plusieurs types de missions et stages payants qui lui permettent d’assurer sa rentabilité.
En effet, chaque projet a un prix fixé par la structure non lucrative. Celui-ci comprend le plus souvent le logement, la nourriture, le trajet entre le lieu de l’association et l’aéroport d’atterrissage pour les séjours à l’étranger. Il inclut également une participation aux frais nécessaires à l’association pour assurer sa continuité. Au total, sur le montant payé par le futur volontaire, 15% seront reversés à la plateforme.
Day one
Les sociétés ont le choix parmi quatre formules solidaires, dont les niveaux varient en termes de temps de missions et de nombre de participants. La mission confiée au collaborateur peut être effectuée sous forme de bénévolat, sur son temps libre, ou de don de jours mécénat de compétences.
Worldpackers
- Quelles sont les obligations des bénévoles : heures de mission/semaine, coûts de participation aux frais de la structure, tâches à effectuer sur place.
- Quelles sont les contreparties offertes par la structure d’accueil : nombre de repas proposés, nombre de jours de congés, conditions de logement, excursions gratuites, transports d’un point A à un point B…
Avec une inscription qui s’élève seulement à 49$ USD (Dollard américain), Worldpackers facilite le bénévolat dans plus de 140 pays distincts dans divers domaines : éducation, protection de la nature, hôtellerie et bien d’autres.
Le volontourisme : un enjeux de taille
Producteur : Christophe Dané.